Ce quatrième et dernier titre de la série « E-folia of Spain » est une interprétation électronique, façon House, non plus d’un fandango, mais d’une sarabande, celle de la suite n°4 en Ré mineur de Georg Friedrich Haendel, publiée en 1733. Une sarabande rendue célèbre grâce au film «Barry Lyndon» de Stanley Kubrick sorti en 1975, qui en fait une ritournelle emblématique du duel.
Ici dans cette interprétation électronique, avec un tempo rehaussé, nous retrouvons les qualités qui avaient été recherchées par le réalisateur : thème lent, fort et solennel. En revanche, l’aspect marche funèbre-requiem s’est transformé. Répétitivité du thème, contraignant à des variations percussives et rythmiques pour donner suspens et rebondissements, nécessité d’ornements tout en respectant la contrainte d’une sobriété réduisant la palette des timbres, ont réorienté l’ensemble vers plus de méditation contemplative : rêverie de fêtes d’évasion, souvenirs de soirée en club étranger exotique, rave party en rase campagne ou clairière perdue.
Réunir sous le titre du thème «Folia», thème d’origine imprécise mais cependant espagnole ou plus anciennement portugaise, deux fandangos, celui de Domenico Scarlatti et celui de Pedro Soler, et une sarabande, celle de Haendel, danse elle-aussi d’origine espagnole, peut sembler historiquement artificiel, anachronique. Nous nous en expliquons plus longuement sur notre blog. Mais si les fandangos pouvaient témoigner pour la folia d’une danse exaltée, d’une transe, la sarabande semblait opposer une mesure, une tempérance exemplaire, issue du tempérament à l’origine même de la musique baroque.
This fourth and final title in the « E-folia of Spain » series is an electronic, House-style interpretation, no longer of a fandango, but of a sarabande, that of suite no. 4 in D minor by Georg Friedrich Handel , published in 1733. A saraband made famous by Stanley Kubrick’s 1975 film « Barry Lyndon », which makes it an iconic duel tune.
Here in this electronic interpretation, with an enhanced tempo, we find the qualities that had been sought by the director: slow, strong and solemn theme. On the other hand, the requiem funeral march aspect has changed. Repetitiveness of the theme, forcing percussive and rhythmic variations to give suspense and twists, the need for ornaments while respecting the constraint of sobriety reducing the palette of timbres, redirected the whole towards more contemplative meditation: reverie of parties of escape, memories of an evening in an exotic foreign club, or a rave party in open country or a lost clearing.
Bringing together under the title of the theme « Folia », a theme of imprecise but nevertheless Spanish or more anciently Portuguese origin, two fandangos, that of Domenico Scarlatti and that of Pedro Soler, and a sarabande, that of Handel, also a dance of Spanish origin, may seem historically artificial, anachronistic. We explain this in more details on our blog. But if the fandangos could testify for the folia of an exalted dance, of a trance, the sarabande seemed to oppose a measure, an exemplary temperance, resulting from the temperament at the very origin of Baroque music.
https://blondy.bandcamp.com/track/clap-your-haend-hells-a-rare-band
https://www.youtube.com/watch?v=e1-LWagmk4I&t=371s
Quatrième témoignage au sujet de l’incarnation, après l’anthropologue Philippe Descola, l’artiste Chris Korda, les écrivains Philippe Sollers et Blaise Cendrars, voici un extrait de « À la rencontre de l’univers, La physique quantique et l’enchevêtrement matière-signification », 2 – DIFFRACTIONS (Différences, contingences, et enchevêtrements qui importent), 2007, traduit de l’américain par Denis Petit, Cahiers de l’Unebévue, l’Unebévue Éditeur, Paris, 2022, de la philosophe Karen Barad.
P. 57 : « Le physicien Niels Bohr conteste la notion de théorisation comme représentation. Dans le récit protoperformatif de Bohr (dont j’ai discuté en détail au tome 1), la théorisation doit être comprise comme une pratique incarnée, plutôt que comme le sport d’un spectateur qui fait correspondre des représentations linguistiques à des choses préexistantes. Les concepts, selon Bohr, ne sont pas de simples idéations, mais des arrangements physiques précis. »
Et p. 60 d’ajouter : « Théoriser, comme expérimenter, est une pratique matérielle. »